Du haut des falaises normandes de craie blanche, en ces premiers jours de printemps, je suis interrogatif. Seul, face à la mer comme de nombreuses fois, je m’oxygène d’air marin qui m’apaise et me vide la tête de mes anxiétés. Une fois de plus j’admire ce spectacle extraordinaire que m’offre la nature, un brillant coucher de soleil. Le soleil est dissimulé derrière des nuages presque transparents, le soleil glisse doucement sur l’horizon, ses rayons sont faibles mais viennent luire sur les falaises de craie qui ne sont plus blanches mais jaune doré. J’aime le soleil. Avec délicatesse mais avec force, le soleil transperce les nuages et tel un peintre avec sa palette, il mélange les couleurs en demi-teintes et me propose ses dégradés d’orange et de jaune. Depuis de nombreuses années, je saisis ses colorations qui ont donné naissance à un très beau livre “Entre ciel et Mer”.

Face à la mer mes yeux scrutent l’horizon. De là, s’étend sur l’eau une large bande de lumière argentée que caressent les rayons du soleil, les oiseaux de mer passent et repassent en rasant les flots.

Des vieux compères, le vent, la mer et le soleil. Grâce à une légère brise du vent, ces compères construisent en grandeur nature un tableau captivant, à l’intérieur duquel la mer y est nerveuse et agitée. Ils créent sous mes yeux un spectacle, une chorégraphie bien réglée comme un peintre qui brosse sa toile de long en large. Le vent, le soleil et la mer, ensemble, dessinent des milliers de frisures argentées sur l’eau. Les reflets du soleil, au rythme et au mouvement des vaguelettes, scintillent de mille éclats. Pour finir cette œuvre, le soleil se promène d’un bord à l’autre du tableau et la mer, brossée d’un vernis brillant, renvoie ses reflets vers les nuages.

Une heure après mon arrivée sur ces falaises, le soleil a des couleurs jaune orangé, il glisse doucement en bas du tableau. RÂ, le dieu du soleil comme l’appelaient les Egyptiens, devient de moins en moins dominant et en quelques minutes, derrière l’horizon, la bande lumineuse change de couleur pour devenir or. A nouveau de passage et pressés de rentrer chez eux pour la nuit, les oiseaux de mer en rangs serrés, d’un battement d’ailes rapide et cadencé et en signe d’au revoir, traversent pour une dernière fois la bande lumineuse.

En cette belle soirée de printemps, le soleil n’est plus l’acteur sur les falaises de cette scène normande. Par contre, il subsiste encore une très belle clarté qui m’emmène vers les couleurs bleutées de la nuit. La température baisse et une fraîcheur s’installe. La boule de feu est en mission pour réchauffer l’autre hémisphère. Mes pensées me quittent, j’imagine une dernière fois… Dommage que mes jambes ne soient pas assez longues pour m’emmener voir en direct le lever du soleil “Au pays du soleil levant”.

©DOMINIQUE HERVE